Campbell 777 sur lui. Imogène ne croyait pas à ce que lui avait dit sir Henry Wardlaw. Sa dépression prenait de telles proportions qu elle songea à adresser sa démission à Archtaft, tant elle redoutait de revenir au bureau où ses collègues impitoyables — et vraisemblablement averties — lui mèneraient la vie dure pour se venger de son orgueil passé. Mais, pour l'heure, il lui fallait avant tout dormir pour être demain capable de gravir son calvaire. Elle se leva de la chaise et fit la lumière pour ôter son chapeau et son manteau. C'est alors qu'elle aperçut le télégramme glissé sous la porte. Il émanait de l'Amirauté. Sir David lui demandait de le voir avant de gagner le bureau.

Le lendemain matin, Imogène dut se forcer pour absorber son porridge et ce manque d'appétit reflétait, chez elle, le signe révélateur d'un désarroi complet. Qu'allait-elle dire à sir David pour excuser son échec ? Plus que des reproches sévères, elle redoutait une commisération dont la seule idée lui mettait la tête en feu. Pitoyable, redevenue la gosse qui, après une grosse sottise, demandait pardon à son père dans l'espoir d'échapper à la fessée méritée, miss MeCarthery, au moment de sortir, prit la photographie du capitaine et, d'une voix brisée :

—  Pardonnez-moi, daddy, d'avoir déshonoré la
famille...

Une suprême humiliation attendait miss MeCarthery à l'Amirauté. Lorsqu'elle pénétra dans le bureau de sir David, eUe vit son chef de service, le distingué John Masburry, assis dans un fauteuil, près du grand patron. Dave Woolish, très cordial, pria Imogène de prendre place en face de lui. Elle se jeta résolument à l'eau et sans se soucier du protocole prit la parole la première.

—  Monsieur, je vous fais mes excuses... je n'ai pas réussi dans la mission que vous m'aviez confiée... Je l'ai pas pu remettre les documents à sir Henry Wardlaw... Ils m'ont été volés... je... Je démissionne de... de mon emploi... je... je suis incapable... voilà tout...